• 7 Mon apprentissage

    Mon expérience professionnelle a débuté à l'âge de 14 ans, lorsque j'ai été embauchée comme apprentie dans un salon de coiffure. Les trois années qui ont suivi ont été très enrichissantes. Ma patronne était une personne vraiment gentille. Nous avions également une coiffeuse plus âgée dans l'équipe qui était charmante. Être entourée de personnes qui m'appréciaient était une bouffée d'air frais. J'étais toujours

    souriante, et cela me valait l'adoration des clients. Lorsque j'étais là-bas, j'oubliais tout le reste, seuls mon travail et ma passion pour la coiffure comptaient.

    Je me souviens de mon premier salaire, 300 francs; comme j'étais contente et surtout très fière. C'était la première fois que je touchais des billets, moi aussi, j'avais un salaire! Moi aussi, je pouvais m'acheter quelque chose, dont j'avais envie. Je me suis acheté ma première radio, elle était à moi, rien qu'à moi, j'avais moi aussi quelque chose qui m'appartenait. Fière, en rentrant chez moi, j'ai aussitôt montré à mes parents le cadeau que je me suis fait avec mon premier salaire. Maman était contente pour moi, elle voyait que j'étais heureuse, mais mon père était très furieux. Pour lui, il était hors de questions de dépenser de l'argent inutilement. Mais, que je rigole! et lui quand il va au bistrot ce saoulé, c'est utile ! c'était du n'importe quoi, cependant je n'avais pas le droit de riposter. Il m'obligeait à donner tous les mois mon salaire, pour le mettre sur un livret d'épargne, et il ne fallait surtout pas y toucher.

    Aujourd'hui, avec un peu de recul, je me dis qu'il avait raison avec le livret. Cependant, il aurait quand même pu dire, nous lui donnerons un peu d'argents de poche. Mais, chez nous, l'argent de poche n'existait pas. Heureusement que maman me donnait un peu d'argent en cachette. Cependant, il fallait cacher beaucoup de choses à mon père, il n'acceptait rien.  J'ai eu mon certificat d'aptitude professionnelle, et j'en ai été très fière. Cela montrait à mon père que j'étais capable de bien plus, que d'être une religieuse ou une charcutière ou une ouvrière en usine. Il ne m'a jamais félicité lorsque j'ai eu mon diplôme, mais si je ne l'avais pas eu, il m'aurait traité d'incapable. Pour la première fois, j'ai pu moi aussi lui clouer le bec.

     J'ai dû quitter le salon de coiffure, car il ne pouvait pas me garder, le salon était bien trop petit pour accueillir trois coiffeuses. Mon cœur était

    brisé alors que je disais adieu à ma seconde famille. Maintenant, je me retrouve sans emploi, et mon père m'a réprimandé injustement. Je me suis souvent demandé s'il nous avait réellement aimés un jour, parce qu'aimer ses enfants ne signifie pas réagir de cette manière. J'aurais tant souhaité avoir un père véritable. Cependant, ma maman était celle qui méritait le plus de compassion.

    Maman méritait vraiment le meilleur, et non cette vie-là qu'elle a menée si longtemps sans jamais oser se plaindre, et qu'elle a mené avec beaucoup de courage, car il fallait beaucoup de courage. Ce n'est pas à cause de maman que nous n'avions pas eu une enfance heureuse, loin de là, mais à cause de mon père. Nous avons manqué beaucoup de choses dans notre enfance, comme le plaisir de pouvoir s'amuser avec les copines, ou tout simplement partir avec nos parents.

     Une fois, j'ai obtenu la permission d'inviter des amis à fêter mon anniversaire chez nous. Cette journée est gravée à jamais dans ma mémoire.  J'étais si heureuse de pouvoir enfin faire la fête à la maison, nous avions une grande pièce au bout du couloir. J'ai aussi pris beaucoup de plaisir à la décorer pour cette occasion spéciale, j'étais vraiment enthousiaste. Ma maman et moi avons préparé les gâteaux. Ce jour-là, il y avait deux filles et sept garçons, malheureusement, il y avait un déséquilibre, car je n'avais pas de très bonnes relations avec les filles. Mon père était présent, et j'ai pu voir dans son regard qu'il était contrarié, je craignis sa réaction. Et, puis mon père, arrive, et dit sèchement : "la porte reste ouverte". Nous avons dansé, ri, c'était génial, j'étais comblée de bonheur. J'avais réussi à zapper complètement mon père. Au bout de deux heures, il est arrivé et a annoncé d'un ton sec : "c'est terminé, vous devez partir" alors que nous étions en train de nous amuser, personne n'osait parler et ils sont tous partis. Ensuite, mon père m'a engueulée violemment, disant que c'était la première et la dernière fois que je pouvais inviter des personnes, et qu'il ne trouvait pas normal qu'il

    Y ait plus de garçons que de filles. Je ne lui ai pas répondu. J'étais vraiment blessée, il a toujours tout gâché, je le détestais vraiment .

     

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