• 10 la blessure cachée

     

    Quand ma sœur est finalement revenue, elle était mariée à un homme de lorraine. Mes parents étaient choqués, mais ils ont fini par accepter cette décision.  Quelque chose en lui m'a immédiatement déplu dès notre première rencontre. Il y avait quelque chose dans son expression qui semblait indiquer qu'il n'était pas sérieux ni fiable. Généralement, je ne me trompe pas lorsque je juge les personnes, mais peut-être, juste peut-être, cette fois-ci, j'ai pu me tromper.  Je n'ai jamais osé répéter à ma sœur les paroles effrontées qu'il m'avait dites, à quoi cela aurait-il servi, de toute façon, elle n'aurait sans doute pas cru un mot de ce que

    je lui aurais raconté. Elle était aveuglée par son amour pour lui.  J'ai habilement évité le piège de son regard, pendant que ma sœur, naïvement aveuglée, ne voyait pas son visage se tourner systématiquement vers moi.  Elle s'imaginait futée, cependant, elle n'avait pas détecté qu'elle s'était laissé piéger par un individu dérangé. Il émanait de ses yeux une ironie subtile et une curiosité provocante.

    N'ayant aucun domicile, nos parents leur proposèrent généreusement de loger temporairement sous leur toit, le temps, qu'ils trouvent un logis et qu'il décroche un travail. Quelques mois ont passé, mais monsieur ne montrait aucun intérêt pour trouver un emploi, appréciant visiblement son rôle d'homme entretenu. Il ne se préoccupait guère de ce que demain lui réserverait. Toutefois, mon père, poussé à bout, est intervenu, il a dû s'apercevoir de sa fainéantise. Et, très vite, il a déniché un travail, comme par hasard, après les réflexions de mon père. "Un jour, son audace se révéla lorsqu'il murmura : 'quel regret de ne pas t'avoir rencontrée avant ta sœur.' cet instant scella mes soupçons.  Je n'imaginais pas ma sœur, lier éternellement à cet individu. Le conflit était inévitable et j'en avais la certitude. Jamais je n'ai osé partager avec ma sœur les insolences proférées par cet homme, de toute façon, submergée par l'amour, elle aurait rejeté mes paroles.

    Je fus choisi pour être la marraine de cathia, un honneur que j'embrassai avec joie et sans la moindre hésitation. Ensemble, nous partagions des balades, des moments chez moi, qui tissaient des liens indéfectibles entre nous, des liens que je chérissais avant que le temps ne la transforme trop vite en jeune fille. Plus tard, ma sœur retombe enceinte d'une autre petite fille, Marie. Je n'ai jamais compris pourquoi elle a accepté d'avoir un autre enfant. Il y avait de la tension entre eux, mais elle était trop fière pour l'avouer.  Il ne travaillait presque jamais, mais l'argent ne lui manquait jamais, fruit de sa passion pour le jeu, de combines

    douteuses et de son aisance à manier les mots. Quand la petite Marie est née, il ne l'a jamais vraiment acceptée, faisant toujours sentir à Cathia qu'elle était sa préférée, il oubliait souvent qu'il avait deux filles, cela devait être triste pour une mère de voir le père renier son propre enfant. Mais, comme je l'ai mentionné, ma sœur était spéciale, elle était tellement intelligente qu'elle se gardait de poser des questions. Il passait la plupart du temps sans emploi, mais toujours avec de l'argent, il offrait des cadeaux coûteux. Ma sœur jouait les grandes dames, surtout les Noëls.  Le fait que mes cadeaux soient modestes, j'ai travaillé dur pour les obtenir, refusant de recourir à la tromperie ou autres. 

    Une ombre qui planera inlassablement sur mes souvenirs Ce maudit jour où je me suis rendu chez ma sœur. Après avoir appuyé sur la sonnette, c'est mon beau-frère qui ouvrit la porte, et face à ma question concernant la présence de ma sœur, il me fit savoir qu'elle serait bientôt de retour.  Une hésitation me saisit, me laissant indécis entre franchir le seuil ou rebrousser chemin. Cependant, en y réfléchissant, il n'était qu'un familier, pas un monstre prêt à m'engloutir, pourquoi aurais-je dû redouter sa présence? Si ses intentions devenaient ambigües, je saurais certainement le remettre à sa juste place. Cependant, l'impensable s'est produit, un acte répréhensible que je n'aurais jamais pu prédire, à peine la porte refermer derrière moi, qu'il s'est abattu sur moi, tel un animal déchainé, me propulsant avec violence dans l'intimité de la chambre. Il a forcé une étreinte, ses lèvres contre les miennes, tandis que je me débattais avec frénésie malgré ma résistance, il faisait preuve d'une force écrasante ; il me projeta contre la literie, me dépouilla de ma tenue et s'imposa avec brutalité, me laissant ensuite en larmes et en détresse Me sentant profondément souillée une fois qu'il en a eu fini, il m'a regardée droit dans les yeux et m'a ordonné : "n'essaie même pas d'en parler à ta sœur, de toute façon, elle ne te croira pas." Tremblante et en larmes, je me suis enfuie, je savais que personne ne me croirait si je dévoilais cette vérité, alors j'ai gardé ce fardeau en moi, vivant avec

    cette douleur. Ce poids insupportable chaque jour. C’est surtout la nuit, lorsque cette scène répétitive se jouait de nouveau dans mes cauchemars, est-ce que j'ai vraiment mérité autant de souffrance ? Non, je ne le pense pas. Il était le diable en personne. Depuis ce jour, je n'ose plus affronter le regard de ma sœur. En effet, je me sens coupable d'être entrée dans cet appartement. Elle se distancie de moi, alors que je suis la véritable victime, chaque nuit, mes larmes amères de déception et de tristesse coulent. Après un certain temps, ma sœur a découvert qu'il avait eu une liaison avec la secrétaire d'un de ses amis, pendant qu'elle était en vacances en Bretagne. Il l'a fait venir chez eux, j'aurais dû profiter de cet instant pour en parler à ma sœur. Pourtant, je ne l'ai pas fait. Ma sœur n'a pas hésité à demander le divorce, et à ce moment-là, mon beau-frère dit : "avec ta sœur, j'ai couché aussi." Ma sœur a gardé cela pour elle longtemps. Mais, un jour, nous avions une discussion et très vite, elle s’est emportée, en me disant "toi aussi, tu t'es tapé mon mari. « Je pense qu'elle avait gros sur le cœur, ça devait sortir, ce que je peux comprendre. Je croyais sur le coup, qu'une personne me poignardait le ventre. J'étais sans voix. Après avoir repris mes esprits, j'ai amorcé une conversation, mais elle m'a condamnée sans écouter mon témoignage, consciente de l'inutilité de mes paroles, j'ai abandonné devant son obstination. Il a réussi à me salir, à semer le chaos, tout cela parce que je ne voulais pas de lui. Il prenait plaisir à mes souffrances, un véritable malade mental.  Malgré ses multiples trahisons et mensonges à son égard, ma sœur choisit de douter de mes paroles plutôt que de confronter la réalité de son être abject; elle m'accuse de fabuler sur mon viol Et, les nuits où je redoute de dormir dans le noir, est-ce parce que j'ai pris du plaisir avec lui ? Non, je ne pense pas, il était le diable en personne. Depuis ce jour, je n'ose plus regarder ma sœur en face. Si aujourd'hui, il apprenait que notre relation s'est détériorée à cause de ses actes, il en tirerait sans doute satisfaction, alors que c'est lui le véritable misérable.

     En effet, je me sens coupable d'être entrée dans cet appartement, elle prend ses distances alors que je suis la victime. Chaque nuit, je verse des larmes amères et de déceptions. Je sais que la culpabilité ne sert à rien parce que ce n'était pas ma faute. Je sais qu'il m'a sauté dessus, mais je ne peux pas m'empêcher de pleurer en y repensant. Je crois que c'est la deuxième fois que je me sens aussi mal de ma vie. C'est mal et malsain. Je me sentais tellement seul. J'avais l'impression que le monde autour de moi s'écroulait. J'avais de plus en plus de mal d'avoir encore la force de faire face à toutes ces douleurs qui me rongeaient quotidiennement. J'étais désespéré. J'avais besoin que l'on m'aide, mais j'ignorais où aller, à qui me confier. Ne me jugez pas, je me sens assez mal comme ça. Je ne voudrais pas que l'on me rabaisse ou que l'on me critique. Vous savez, même ancienne, la souffrance reste malgré tout présente.

    10 la blessure cachée

     

    11


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique