• Nous voilà enfin dans notre maison. Une nouvelle vie recommence pour nous trois. Notre fille grandit et moi, j'ai envie d'avoir un autre bébé. "Pourquoi pas un petit garçon"? J'étais conscient que je devrais assumer toute seule son éducation et tout le reste. Qu'importe, je voulais un bébé ! J'en ai parlé à mon mari, il était contre, hors de question que cela se fasse. J'avais beau insister, pleurer, il n'en voulait pas, point barre. " Quel est ton problème? C'est moi qui m'en occupe. À notre fille, as-tu 

    changé une couche une seule fois? as-tu essuyé ses larmes la nuit? Ou quand elle était petite, as-tu veillé les nuits lorsqu'elle était malade, As-tu été présent le premier jour de la rentrée, As-tu seulement une fois pensée à elle? Non, tu n'as jamais été fichu de m'aider, ou de la prendre dans tes bras. Je faisais tout, non pas à contrecœur, loin de là." Il aurait pu s'occuper un peu plus d'elle. Je comprenais bien, qu'il travaillait dur, mais c'était aussi sa fille. Elle n'a pas demandé de naitre. Nous souhaitions un Bébé, ou peut-être pas nous, mais juste moi. À vrai dire, je n’en sais rien. La seule chose qu'il a faite avec elle c'est du vélo de temps à autre le dimanche matin. Néanmoins, ça n'a pas duré et très vite, il s'en est lassé; ça me faisait atrocement mal qu'il ne lui montrait pas d'amour. En revanche, quand il voyait les petits de sa sœur, il jouait avec eux et moi, j'avais envie de vomir. Je possédais une grande maison, mais je me sentais tellement seule. Ma fille était à l'école, mon mari au travail, jusqu'à tard le soir, et moi, je m'ennuyais. Mon ménage était fait, le linge était fait. Le soir, le repas était fait et maintenant, je fais quoi? Pourquoi ce refus ? Je veux un bébé. Je continue à travailler comme nounou et hop, j'en rajoute deux, mon mari est ravi. Trois salaires qui rentrent. Plus j'en gardais, plus il était heureux. Même si parfois, il voyait que j'étais tendu, il faisait semblant de ne pas le voir. Ce n'était pas toujours facile de gérer les enfants, il fallait beaucoup de patience, mais je devais continuer à travailler.  Le soir, quand il rentrait, la seule chose qu'il savait faire, c'est me parler de son travail. Je l'écoutais bien sagement, il ne m'a jamais demandée comment s'est passé ma journée. Avec mon mari, je ne pouvais jamais me plaindre et encore moins avoir une discussion. Ce que j'avais à dire ne l'indifférais pas. L'excuse bidon,

    je suis fatigué. Ma vie avec lui, je l'imaginais différemment, mais une vie heureuse n'était sans doute pas pour moi! Et, les choses commençaient à se dégrader entre lui et moi. Cependant, je ne cherchais plus à savoir pourquoi et comment, j'avais tellement espéré qu'une fois dans cette maison tout s'arrangerait. Que lui et moi, nous allions un peu nous rapprocher, mais pas du tout, que des histoires, si ce n'était pas avec mon mari avec qui l'entente se dégradait, Laura une fois de plus faisait des siennes ! Ça recommence encore et toujours et pire encore, voilà qu'elle me présente soi-disant un copain, mais non, un gitan maintenant. Le soir, elle me dit qu'elle est tombée amoureuse de ce garçon. Je lui fais la morale, et je lui dis qu'il est hors de question qu'elle revienne avec lui Ici. Voilà, les mauvaises notes s'accumulent, les mots de l'école, les absences, ce n'est pas vrai, je ne suis pas parti de Koenigshoffen pour qu'ici, elle recommence. À nouveau, je tombe de haut. Lorsque j'élève un peu la voix, elle devient insolente, elle parle comme une délinquante. Je ne sais plus que faire. J'ai perdu ma fille. Je suis à bout. Je pleure au quotidien, j'ai juste encore envie d'une chose, mourir. Fermer les yeux pour toujours, et ne plus rien, voire. Ce soir, elle voulait partir le rejoindre, j'ai refusé, elle est devenue agressive avec les mots, je pleure, mon cœur se serre de plus en plus fort, je n'arrive presque plus à respirer et à parler. J'ai l'impression que l'on me prend à la gorge. J'étouffe, je me sens mal. Et, je lui dis de partir et de ne plus jamais revenir, je lui ouvre la porte en pleurant. Maintenant, c'est bien fini, j'ai réellement perdu ma fille. Elle pleure, et je lui dis va-t'en, elle s'en va les larmes aux yeux. Elle ne s'attendait pas que je lui dise de partir. Je ferme aussitôt la porte derrière elle. Et, là, je m'écroule en hurlant de douleur! J'ai l'estomac noué. J'ai des nausées, mais pourquoi? Qu'ai-je bien pu

    faire pour mériter cela ! J'ai toujours agi en fonction de ce qui était juste, et aujourd'hui c'est ainsi qu'elle me le rend? Que dois-je faire à présent? Il fait nuit dehors, quelque chose de grave pourrait lui arriver, elle doit passer la forêt pour le rejoindre, oh mon Dieu. Je ne peux pas rester ici sans rien faire. À ce moment-là, le téléphone sonne, je décroche, c'était le copain de Laura, me disant qu'elle voulait rentrer, mais qu'elle n'osait pas. Je prends ma voiture, je roule doucement, je m'approche de la forêt, je l'aperçois au loin. Je m'arrête, elle monte dans la voiture. Ce soir-là, nous avions eu une longue discussion. Leur relation n'a plus duré à l'école, ça allait mieux, mais les remarques toujours les mêmes. Elle pourrait mieux faire, pas concentrer, se désintéresse. Laura a toujours été indifférente aux études ; son véritable désir était de se lancer dans la vie active.

     

    15 Le souhait grandissant d'avoir un enfant

     

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  • 16 .      Après le collège

     

    Après le collège, il était nécessaire de prendre une décision concernant l'avenir de notre fille. Nous devions l'inscrire à l'école de coiffure de Strasbourg, car son désir était d'être coiffeuse. J'en ai parlé à son père qui lui était opposé à débourser de l'argent. La seule et l'unique enfant que nous avions, il ne pouvait pas faire cet effort, alors qu'il gagnait très bien sa vie comme cadre dans son entreprise. Je l'ai supplié, en disant que, ma foi, je garderai deux enfants de plus, ce qui m'aurait fait quatre à la maison. Mais, rien à faire, sa décision était prise. J'avais en face de moi le même qu'était mon père, il ne fallait surtout pas couter de l'argent. Comme père de famille, j'ai estimé cela lamentable. Il restait une solution, demander ma maman, et ça, il savait très bien que j'allais le faire. Il savait que maman ne lui refuserait pas ce souhait.  Ma fille a pu réaliser son rêve grâce à sa mamie. L'idée de laisser la belle-mère financer les études de sa fille à sa place, alors que ma propre mère n'était guère plus fortunée, me répugnait, lui, héritant de l'avarice maternelle, n'a jamais rien contribué, et quant à ma fille, elle n'a jamais été une priorité pour lui. Ma fille ressentait que ma belle-mère, qu'elle appelait Oma, faisait des différences entre les enfants de ses sœurs et elle. Je la rassurais en lui disant que l'on n'avait pas besoin d'elle.  De mon côté, moins je la voyais, mieux, je me portais. Je préférais rester loin, pour ne pas devoir subir ses sauts d'humeur. Avant de se mettre à rire de façon moqueuse, elle nous dévisageait avec insistance. Je n'ai jamais rien fait à cette femme. J'ai toujours été poli, et puis je ne savais plus comment me comporter avec elle. Puis, j'ai décidé que mon comportement sera à présent comme j'ai envie qu'il soit. Aussitôt qu'elle me faisait une remarque, je lui répondais, non pas méchamment, mais je ne me laissais plus dire des choses qui étaient du n'importe quoi et qui me blessaient. C'était fini. Mon mari n'a jamais pris ma défense lorsqu'elle m'agressait verbalement. La seule chose qu'il disait, laisse-la, elle est malade, non, je désapprouve. Ce n'est pas une raison. Pourquoi, quand j'ai commencé à lui répondre, elle n'osait plus rien dire. Elle voulait simplement

    me mettre mal à l'aise. Au début, c'était réussi, après, c'était elle que je m'étais mal à l'aise. Il m'est difficile de comprendre pourquoi je n'ai pas de chance, pour quelle raison on ne m'aime pas! J'ai beau chercher le pourquoi, je n'ai pas la réponse.
    Après avoir commencé l'apprentissage, je la voyais heureuse, et moi, bien entendu, je l'étais aussi. Le matin, elle partait en train et le soir, elle revenait en train. Mais, en réalité, j'étais un peu inquiète, sachant qu'elle était seule dans le train. Par la suite, elle s'est fait des amis. J'étais bien plus rassurée. Il y a eu la foi, où elle passe près de moi, je lui ai dit : : "tu sens la cigarette !" Ne me dis pas que tu fumes. Elle m'a répondu tout naturellement "non-maman, pas moi, mais les filles". Je ne croyais pas du tout à ce mensonge, mais à quoi bon encore s'énerver." Je ne voulais plus avoir de conflits. C'était une époque où j'étais complètement vidée. J'ai été très anxieuse quand il y a eu les examens. Mais, elle a reçu son certificat pour sa compétence comme coiffeuse. J'étais tellement fière d'elle. Son père? Oui, je pense.  Ensuite, il était nécessaire de trouver un patron, ce qui a été très rapide. Elle a travaillé pendant un certain temps. Elle aimait son travail et tout allait bien. Puis, un beau jour, son patron a commencé à se montrer désagréable. Elle partait le matin avec une boule au ventre, et le soir en rentrant, elle pleurait. Et, ça quotidiennement jusqu'au jour, ou j'ai dit que cela suffisait, et que j'allais mener ma petite enquête auprès de ces personnes. Vous pensez bien qu'ils ont fait comme s'ils ne comprenaient pas pour quelle raison Laura est dans cet état. En tous les cas, je ne me suis pas gêné, j'ai bien dit ce que j'avais à dire. J'ai remarqué que le couple était un peu étrange quand je suis entrée dans le salon, mais cela ne veut pas dire que ce sont de mauvaises personnes. Mais plus je leur parlais, plus j'avais l'impression qu'ils étaient malhonnêtes. J'ai l'habitude de ne pas m'en mêler, mais voyant ma fille pleurer au quotidien, je devais agir.  Ce couple de coiffeurs a réussi à écœurer ma fille du métier.

     


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  • 17 Le mariage de Laura

     

    17 Le mariage de Laura

    17 Le mariage de Laura

    17 Le mariage de Laura

     

    Ma fille a décidé de ne plus poursuivre son activité de coiffeuse. Elle a trouvé un emploi comme serveuse dans un restaurant en Allemagne. Laura était ravie, ce nouveau travail lui plaisait et elle était épanouie. Un soir, ma fille me confia son souhait de me présenter quelqu'un, je me suis sentie obligée d'accepter, même si mon estomac était noué d'appréhension, quelle surprise m'attendait encore ? Le lendemain, ils sont venus, mais je ne pouvais pas y croire. C'était impossible, je ne pouvais pas l'accepter, je devais me réveiller, et voilà qu'un étranger se tenait devant moi, et ma fille m'a dit : "maman, je te présente Jacques". Choquée, je ne pus répondre que très froidement. Lui était poli et timide, Laura a bien compris que je ne l'approuvais pas, vu ma réaction. D'habitude, je suis une personne souriante, mais cette fois-ci, mon visage ne pouvait trahir aucune joie, même si j'avais essayé de me forcer à sourire, je n'en aurais pas été capable, tout ce que je voulais, c'était l'expulser, mais je ne voulais pas faire de mal à ma fille. Je me sentais profondément triste et j'avais une envie irrépressible de crier, de hurler, cependant je suis restée silencieuse, comme à mon habitude, pour ne pas lui causer de peine. Alors que le soir tombait, assise sur ma terrasse, mes larmes ne cessaient de couler. C'est alors que ma fille est venue vers moi, me demandant : "maman, pourquoi pleures-tu ? Qu'est-ce qui se passe ?", après un moment d'hésitation, je lui répondis : "pourquoi un Algérien ? Ne sommes-nous pas suffisamment de français ?", ma fille me regarda droit dans les yeux et rétorqua : "maman, il n'est pas simplement algérien, sa maman est française, son papa vit en Algérie, et il est professeur d'université, ses parents sont séparés :"je l'aime, maman." je fixai ma fille droit dans les yeux, et lui dis : "bien, fais comme tu le souhaites, mais sache que je ne le porterai jamais dans mon cœur." j'ai dû blesser ma fille profondément en disant cela, elle est partie sans dire un mot. Mon Dieu, j'étais si cruelle, je ne voulais pas être aussi méchante et son père, que dira-t-il ? Comment réagira-t-il ?  Le lendemain, ma fille est revenue vers moi et m'a confié qu'elle avait

    répété mes paroles à Jacques, et que ça lui a fait mal, il a simplement dit : "elle ne me connaît même pas". Il avait raison, j'avais jugé sans le connaître. En réalisant cela, j'ai réfléchi à l'influence de mon père sur moi, toujours me mettant en garde contre les étrangers, il a réussi à nourrir en moi des préjugés racistes. Dans la semaine, mon ordinateur a rencontré un problème, et j'ai demandé à ma fille si elle connaissait quelqu'un qui pouvait m'aider. Elle m'a parlé de Jacques, qui est expert en informatique, j'ai accepté son aide, et il a réussi à réparer mon ordinateur. En discutant avec lui, j'ai réalisé qu'il était intelligent et réfléchi, ce qui a modifié mon opinion sur lui, plus je passais de temps avec lui, plus je l'appréciais, ma fille était ravie de notre relation grandissante avec Jacques, cependant mon mari ne partageait pas cet enthousiasme.
     Pendant ce temps, en février 2015, nous avons perdu mon frère qui s'est éteint soudainement juste avant de célébrer son soixantième anniversaire, laissant derrière lui un mystère quant à la cause de son départ. Il manifestait parfois des oublis alarmants, que maman nous racontait. Mettre la table devenait un échec récurrent, ses pantoufles finissaient dans le frigo et, parfois, mettre un nom sur nos visages lui était difficile. Le voir dans cet état, était vraiment douloureux, mon frère était une personne merveilleuse. Nous avons aussi eu la chance de l'avoir avec nous aussi longtemps. Les enfants atteints de trisomie 21 ont généralement une espérance de vie plus courte, donc nous sommes reconnaissants d'avoir pu le garder près de nous pendant une période plus longue.  Depuis la disparition de mon frère, la joie de vivre de maman s'est complètement envolée. Avant, je pouvais la faire sourire ou la faire rire aux éclats, mais maintenant, elle est comme transformée, elle n'a plus aucun intérêt pour rien. Elle pleure toutes les nuits et semble mentalement être absente, elle prétend apercevoir mon frère marcher dans l'appartement, la fixer, le voir allongé dans son lit, cependant, dès qu'elle tente de le toucher, il disparaît instantanément.  Quand maman nous raconte tout cela, ça parait si réel. Je suis

    profondément préoccupée de la voir ainsi et de ne pas pouvoir faire grand-chose pour l'aider, pauvre maman, elle a déjà enduré tellement de souffrances.
    Après avoir passé deux ans à vivre ensemble, ma fille m'a annoncé qu'ils souhaitaient se marier. J'étais ravie pour elle, elle l'aimait tellement. Bien qu'au début, il y eût beaucoup de disputes entre eux, beaucoup la faute de ma fille. Tout n'était jamais assez bien fait, quand il tentait de se rendre utile. Ma fille est très maniaque. Elle acceptait rarement son avis, et le traitait comme un enfant. Souvent, je disais à ma fille « Tu n'as pas le droit de le traiter de la sorte, imagine, lui te traite ainsi, l'accepteras-tu, " non maman. Tu as raison, je ne souhaiterais pas qu'il me parle ainsi. Je ne suis pas gentille.". " J'ignore pourquoi je suis ainsi. Ma fille, quand elle a ces moments, elle a des mots qui peuvent faire très mal, et pourtant je sais qu'elle ne les pense pas, mais elle ne peut pas se contrôler. Au commencement, Jacques ne disait rien, mais après, il ne l'acceptait plus, ce qui est tout à fait normal. Dans un couple, il faut un respect mutuel, sinon adieu, rien ne pourra se construire. Pourquoi se lancer des insultes si ça ne veut rien dire, jusqu'au jour où c'est à toi de les subir et que ces insultes viennent de la personne que tu aimes plus que tout! Celui qui les subit se sentira de plus en plus dévalorisé et méprisé. Avant de lancer des paroles qui tuent, demande-toi si tu souhaiterais toi les encaisser. Tu dois apprendre à communiquer avec douceur, c'est important, le manque de respect, quel qu'il soit, rabaisse toujours l'autre et finit par détruire une relation. Il faut savoir que l'autre existe à la même place que la tienne. Le respect mutuel permet de construire un monde dans lequel chacun peut exister. N'oublie jamais cela." Le compte à rebours pour le mariage avait commencé et j'avais une mission à accomplir : les invitations et les menus, grâce à ma maîtrise de l'ordinateur, je me suis donné(e) corps et âme, passant des nuits blanches pour que tout soit parfait, et ce fut le cas. Tout au long des préparatifs, son père ne s'est jamais soucié de lui demander si elle avait besoin de quelque chose, craignant qu'elle demande de l'argent.

    Laura n'a jamais rien demandé, juste une seule fois, de l’argent pour mettre de l'essence dans la voiture. C'était lorsqu'elle était à la recherche d'un emploi, et son père lui a simplement dit d'aller travailler. Je trouve cela répugnant de la part d'un père de famille, d'autant plus qu'il n'a qu'une seule fille. J'ai économisé en secret pour ce mariage, voulant participer, ce qui me paraissait tout à fait normal pour des parents. J'aurais travaillé jour et nuit pour lui offrir un mariage magnifique. Je voulais qu'il soit parfait. Mon mari n'a rien dépensé pour le mariage, pas un centime, rien du tout. Alors qu’il disait à tous qu’il faisait des heures supplémentaires pour payer le mariage. Nous avions les moyens, mais aujourd'hui, je suis fière, j'ai participé sans toucher à notre compte commun. Il a bien dû vérifier les extraits. Il s'est surement posé des tonnes de questions. Mais, comment ont-ils fait pour se payer un tel mariage? Il ne m'a jamais posé la question. De toute façon, ma réponse était toute prête. J'allais oublier, ma fille lui a demandé la voiture pour la conduire ce jour, vu la tête qu'il faisait, elle n'a plus insisté et elle a bien fait, et lui n'en a plus jamais reparlé. J'avais mal au cœur pour ma fille, un autre se serait investi à fond pour sa fille. Lui, rien, il n'était pas concerné. Une fois de plus, j'étais seule.

      Enfin le grand jour, ma fille et moi, on file chez le coiffeur. Ensuite, on change de robe pour la mairie. Elle brillait d'un éclat unique dans sa robe fuchsia, mon cœur de mère gonflait de fierté. Après la cérémonie, nous nous sommes hâtées de changer nos tenues. Je l'ai observée se transformer en princesse d'un autre monde. Son père, en la voyant, a murmuré un simple "tu es belle", sans la moindre étincelle d'émotion, comme si cette journée n'était qu'une corvée pour lui.  Mon cœur se brisait pour elle, comprenant trop bien la douleur infligée par l'indifférence paternelle. Moi, j'avais passé le cap, plus rien ne me touchait, je ne voulais plus avoir mal à cause de lui. Je suis à mon tour devenue froide et distante. Mais, ce jour-là, il aurait pu au moins faire semblant et se comporter d'une autre façon.  On aurait difficilement constaté la différence

    si monsieur s'était abstenu de venir ce jour-là.  Le 23 mai 2015, le mariage a eu lieu à Drusenheim. Après la cérémonie à l'église, nous nous sommes dirigés vers la salle de réception, bien que les portes fussent encore fermées, les invités étaient déjà conquis par la magie qui émanait du lieu. Le traiteur avait dressé de grandes tables sous le vaste chapiteau. La salle demeurait inaccessible, personne n'avait droit d'y pénétrer, j'ai gentiment prévenu les invités du moment où les portes s'ouvriraient.  À l'instant où les portes s'entrouvrirent, une pause silencieuse enveloppa la pièce, les convives suspendus à la magnificence de la salle. Tout était absolument parfait. Après l'installation de tous les convives, l'entrée du couple fut grandiose, sur un tapis rouge, leur prestation était époustouflante, je dois admettre que ma fille et mon gendre ont un talent incroyable, je le savais déjà pour ma fille. Cependant, j'ignorais que mon gendre était si doué, tout était parfaitement synchronisé. Plus tard dans la soirée, à la demande de ma fille et de mon gendre, j'ai accepté de chanter une ou deux chansons avec plaisir, mon mari ne semblait pas me voir. Je restais invisible à ses yeux, il baissait les yeux, j'aurais éprouvé de la honte à sa place d'agir ainsi le jour du mariage de sa propre fille unique. Ce soir-là, il a peut-être dansé deux ou trois fois, il ne parlait avec personne, arborait une mine boudeuse et scrutait les invités. Vint l'instant de la jarretière, et là, ce fut le moment culminant : il a tout simplement disparu sans dire au revoir à qui que ce soit, mais comme je souffrais au plus profond de moi, non pas pour ma part, mais pour ma fille, ce devait être le plus beau jour de sa vie, et son propre père l'a gâché, malgré les dénégations de ma fille, je sais que cela lui a fait du mal, c'est à ce moment-là que j'ai pris la décision de le quitter depuis le début. Il n'a jamais été un bon père de famille. Je le dis sans amertume.

    Toutefois, ce qui m'a profondément choquée, c'est l'attitude de la mère de Jacques qui n'a pas jugé bon de contribuer financièrement au mariage de son fils. Traditionnellement, les parents prennent en charge une part des frais, si minime soit-elle. Personnellement, pour cet

    événement, je me suis lancé dans la garde d'enfants supplémentaire afin d'épargner le nécessaire. Si l'on a les moyens de s'offrir des sorties hebdomadaires, il me semble logique de pouvoir soutenir le mariage de son enfant. Je n'éprouve aucune animosité envers cette femme, mais une dose de savoir-vivre aurait été appréciée. La surprise fut générale lorsque, ce soir-là, elle s'est permise des effusions sur la piste de danse. Et, plus tard, s'est volatilisée au moment de ranger la salle, nous laissant un bref "bon courage". Sa conduite m'a sincèrement déçue.

     

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  • Depuis de longues années, je souffre de la maladie des jambes sans repos, comme ma maman auparavant. Le médecin a affirmé que cette maladie était héréditaire. Au début, mes symptômes étaient gérables, et je ne souffrais pas régulièrement. Cependant, au fil des années, la douleur s'est intensifiée, au point de m'empêcher de dormir la nuit. Mes jambes en constant mouvement me causaient une souffrance intense. D'ailleurs, souffrir semble être un euphémisme, car il est purement impossible de rester immobile, surtout la nuit lorsqu'on tente de s'endormir. Cela se traduit donc par des nuits sans sommeil.  Mon rendez-vous avec le médecin ne fut guère fructueux sans véritable investigation, il me délivra une prescription de médicaments pour améliorer ma circulation sanguine. Je les ai pris longtemps. Mes symptômes s'aggravèrent cependant, me privant de sommeil. Les nuits se transformèrent alors en un cauchemar interminable, passées à pleurer et à faire face à l'insomnie. Mon mari ne montra aucun intérêt pour ma souffrance, refusant d'écouter mes plaintes, je me retrouvais donc à passer la moitié de mes nuits dans la salle de bain, cherchant un bref soulagement en appliquant de l'eau froide sur mes jambes, même si cela ne durait jamais plus de 10 minutes. Et, puis, je recommençais. Tant que je restais debout, je pouvais supporter la douleur, mais une fois immobilisée, c'était l'horreur absolue, je marchais, je pleurais, totalement seule dans cette épreuve, mon mari ne s'est jamais levé pour voir si tout allait bien, au contraire, il s'installait confortablement dans le lit. Parfois, je m'endormais sur le canapé, mais à peine endormie, il fallait déjà me relever pour accueillir les enfants que je gardais. Je savais que prendre un congé de travail, était hors de question, mon mari l'aurait très mal pris, comme si c'était la fin du monde. J'étais épuisée mentalement. Avec ce manque de sommeil, je suis devenue très irritable. Je suis retournée

    chez mon médecin, me suis installée sur sa chaise de bureau et je lui ai dit : " "je suis déterminée à rester ici, jusqu'à ce que vous me donniez quelque chose qui puisse réellement m'aider, peu importe les risques. Je veux juste être soulagée de la douleur et enfin pouvoir dormir. Il m'a effectivement prescrit un médicament fort ; en me mettant en garde, si j'en abuse, ça pourrait être fatal. Un soir, j'ai constaté que les médicaments ne faisaient pratiquement plus d'effet, les symptômes de ma maladie revenaient progressivement, et je refusais de vivre à nouveau l'enfer que j'avais déjà connu. Mes journées étaient épuisantes avec les enfants, et moi aussi, je désespérais de ne pouvoir dormir. Ce soir-là, je n'ai pas pris un seul cachet comme le médecin me l'avait prescrit, mais deux, ce second cachet a bien failli me tuer si j'avais été seule cette nuit-là, je ne serais peut-être plus là aujourd'hui. Heureusement que ma fille était exceptionnellement à la maison cette nuit-là. Je me suis réveillée, me sentant terriblement mal avec des nausées, des vertiges et des sueurs froides avec beaucoup de difficulté, je me suis levée et ai fait route vers la salle de bain, à ce moment-là, ma vision s'est brouillée et j'ai perdu connaissance. Quand je me suis réveillée, j'ai rampé jusqu'à la chambre pour prévenir mon mari. Il a immédiatement réveillé notre fille, car il ignorait que faire. Ma fille très vite a appelé les urgences, et très vite, ils sont arrivés. Alors que je sentais ma vie m'échapper, à moitié consciente, ils m'ont déposée avec précaution sur une chaise pour me descendre de l'étage. Ma fille, les larmes aux yeux, a capté le seul mot que j'ai réussi à articuler, "médicaments". Heureusement, Laura a compris, et a retrouvé la boîte sur la table de la cuisine. À l'hôpital, ils ont procédé à un lavage d'estomac, ma fille voulait me voir. Cependant, cela ne lui était pas permis, car les médecins ont supposé que j’eusse tenté de me suicider. Une fois rétablie, j'ai

    expliqué aux médecins que la douleur était si intense, que j'avais pris deux cachets à la place d’un.  Ma fille était profondément bouleversée, elle n'a jamais pu se remettre de cet épisode traumatisant, chaque fois qu'elle entend une sirène, elle ressent un profond malais. Pendant ces nuits où la douleur était constante, je m'efforçais de ne pas déranger ma fille qui devait partir travailler le lendemain. Cependant, je ne pouvais pas m'empêcher de bouger les jambes. Ma fille restait éveillée, ne dormant que d'un œil, prête à me masser les jambes, dès que je remuais. Malgré nos efforts pour soulager la douleur, les balades nocturnes dans le lotissement avec notre chien Sybella, après chaque épisode d'inconfort. Ma fille était toujours inquiète pour moi. Les samedis soir, j'essayais de la convaincre de sortir et de s'amuser. Cependant, elle préférait rester près de moi, j'aurais voulu avoir un mari qui prenne soin de moi, cela aurait grandement rassuré ma fille, mais apparemment, ce n'était pas le rôle du mari ! La nuit était un défi constant pour ma fille et moi, elle était toujours là pour me soutenir et me soulager, même si cela signifiait passer devant la maison plusieurs fois pour s'assurer que tout allait bien.


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  • J'étais mariée, mais tout de même, j'ai été une maman seule. J'ai élevé ma fille toute seule. Le quotidien était loin d'être facile. Tu ne t'en es jamais occupé de notre fille, ni avant ni après. Tu as passé à côté de beaucoup de choses. Elle s'est transformée en adulte sans toi. Ton travail avant tout, avant ton épouse et avant ta fille. Je ne te déteste pas, parce que tu m'as donné une très belle petite fille. En revanche, j'ai perdu tout mon respect pour toi, tu as passé réellement à côté de tout. J'ignore à quel moment tu as changé, ou peut-être, tu as toujours été ainsi, mais je n'ai pas voulu le voir. Et, un jour, j'ai ouvert les yeux, et la

    chute a été brutale. J'ignore si tu m'aimes encore, et si tu m'as vraiment aimé un jour, et notre fille, l'as-tu aimé ? On dit qu'un père, ce n'est pas celui qui donne la vie, mais celui qui donne l'amour. N'importe qui peut être père, cependant un papa non. Et, la vie t'a offert d'être papa. Néanmoins, tu as préféré être un papa absent. Tu as tellement changé, et ça fait mal. On est en train de se perdre, mais cela ne te fait ni chaud ni froid. C'est bien cette impression que tu me donnes. Comment en est-on arrivé là ? Tu es distant, absent, presque un étranger. Tu n'es plus concerné par notre histoire. Ton travail, tes amis, tes voisins sont bien plus intéressants. Toi, moi, nous, ça n'existe plus. C'est comme si cela n'avait jamais vraiment existé. J'ai surtout arrêté de faire quoi que ce soit de bien pour toi, pour nous, pour notre couple. Tu croyais que tout était acquis, grossière erreur. Tu m'as traité comme une option, pas comme une priorité. Mais, ce qui compte aujourd'hui, ce n'est plus toi, c'est nous, ma fille et moi. Tu sais, la roue tourne, je suis persuadée. Certes, cela prend du temps, mais je n'ai aucun doute sur le fait que ton karma te rattrapera bientôt. Je sais aussi que le temps se chargera de toi. Il te donnera une leçon de vie et te fera prendre conscience de tout le mal que tu as fait. Tu payeras pour cela à la hauteur dont il estime que tu le mérites. Oui, je suis en colère, je ne peux être qu'en colère, ma fille, notre fille s'occupe de moi, et toi, tu restes froid.

     

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