• 10 la blessure cachée

     

    Quand ma sœur est finalement revenue, elle était mariée à un homme de lorraine. Mes parents étaient choqués, mais ils ont fini par accepter cette décision.  Quelque chose en lui m'a immédiatement déplu dès notre première rencontre. Il y avait quelque chose dans son expression qui semblait indiquer qu'il n'était pas sérieux ni fiable. Généralement, je ne me trompe pas lorsque je juge les personnes, mais peut-être, juste peut-être, cette fois-ci, j'ai pu me tromper.  Je n'ai jamais osé répéter à ma sœur les paroles effrontées qu'il m'avait dites, à quoi cela aurait-il servi, de toute façon, elle n'aurait sans doute pas cru un mot de ce que

    je lui aurais raconté. Elle était aveuglée par son amour pour lui.  J'ai habilement évité le piège de son regard, pendant que ma sœur, naïvement aveuglée, ne voyait pas son visage se tourner systématiquement vers moi.  Elle s'imaginait futée, cependant, elle n'avait pas détecté qu'elle s'était laissé piéger par un individu dérangé. Il émanait de ses yeux une ironie subtile et une curiosité provocante.

    N'ayant aucun domicile, nos parents leur proposèrent généreusement de loger temporairement sous leur toit, le temps, qu'ils trouvent un logis et qu'il décroche un travail. Quelques mois ont passé, mais monsieur ne montrait aucun intérêt pour trouver un emploi, appréciant visiblement son rôle d'homme entretenu. Il ne se préoccupait guère de ce que demain lui réserverait. Toutefois, mon père, poussé à bout, est intervenu, il a dû s'apercevoir de sa fainéantise. Et, très vite, il a déniché un travail, comme par hasard, après les réflexions de mon père. "Un jour, son audace se révéla lorsqu'il murmura : 'quel regret de ne pas t'avoir rencontrée avant ta sœur.' cet instant scella mes soupçons.  Je n'imaginais pas ma sœur, lier éternellement à cet individu. Le conflit était inévitable et j'en avais la certitude. Jamais je n'ai osé partager avec ma sœur les insolences proférées par cet homme, de toute façon, submergée par l'amour, elle aurait rejeté mes paroles.

    Je fus choisi pour être la marraine de cathia, un honneur que j'embrassai avec joie et sans la moindre hésitation. Ensemble, nous partagions des balades, des moments chez moi, qui tissaient des liens indéfectibles entre nous, des liens que je chérissais avant que le temps ne la transforme trop vite en jeune fille. Plus tard, ma sœur retombe enceinte d'une autre petite fille, Marie. Je n'ai jamais compris pourquoi elle a accepté d'avoir un autre enfant. Il y avait de la tension entre eux, mais elle était trop fière pour l'avouer.  Il ne travaillait presque jamais, mais l'argent ne lui manquait jamais, fruit de sa passion pour le jeu, de combines

    douteuses et de son aisance à manier les mots. Quand la petite Marie est née, il ne l'a jamais vraiment acceptée, faisant toujours sentir à Cathia qu'elle était sa préférée, il oubliait souvent qu'il avait deux filles, cela devait être triste pour une mère de voir le père renier son propre enfant. Mais, comme je l'ai mentionné, ma sœur était spéciale, elle était tellement intelligente qu'elle se gardait de poser des questions. Il passait la plupart du temps sans emploi, mais toujours avec de l'argent, il offrait des cadeaux coûteux. Ma sœur jouait les grandes dames, surtout les Noëls.  Le fait que mes cadeaux soient modestes, j'ai travaillé dur pour les obtenir, refusant de recourir à la tromperie ou autres. 

    Une ombre qui planera inlassablement sur mes souvenirs Ce maudit jour où je me suis rendu chez ma sœur. Après avoir appuyé sur la sonnette, c'est mon beau-frère qui ouvrit la porte, et face à ma question concernant la présence de ma sœur, il me fit savoir qu'elle serait bientôt de retour.  Une hésitation me saisit, me laissant indécis entre franchir le seuil ou rebrousser chemin. Cependant, en y réfléchissant, il n'était qu'un familier, pas un monstre prêt à m'engloutir, pourquoi aurais-je dû redouter sa présence? Si ses intentions devenaient ambigües, je saurais certainement le remettre à sa juste place. Cependant, l'impensable s'est produit, un acte répréhensible que je n'aurais jamais pu prédire, à peine la porte refermer derrière moi, qu'il s'est abattu sur moi, tel un animal déchainé, me propulsant avec violence dans l'intimité de la chambre. Il a forcé une étreinte, ses lèvres contre les miennes, tandis que je me débattais avec frénésie malgré ma résistance, il faisait preuve d'une force écrasante ; il me projeta contre la literie, me dépouilla de ma tenue et s'imposa avec brutalité, me laissant ensuite en larmes et en détresse Me sentant profondément souillée une fois qu'il en a eu fini, il m'a regardée droit dans les yeux et m'a ordonné : "n'essaie même pas d'en parler à ta sœur, de toute façon, elle ne te croira pas." Tremblante et en larmes, je me suis enfuie, je savais que personne ne me croirait si je dévoilais cette vérité, alors j'ai gardé ce fardeau en moi, vivant avec

    cette douleur. Ce poids insupportable chaque jour. C’est surtout la nuit, lorsque cette scène répétitive se jouait de nouveau dans mes cauchemars, est-ce que j'ai vraiment mérité autant de souffrance ? Non, je ne le pense pas. Il était le diable en personne. Depuis ce jour, je n'ose plus affronter le regard de ma sœur. En effet, je me sens coupable d'être entrée dans cet appartement. Elle se distancie de moi, alors que je suis la véritable victime, chaque nuit, mes larmes amères de déception et de tristesse coulent. Après un certain temps, ma sœur a découvert qu'il avait eu une liaison avec la secrétaire d'un de ses amis, pendant qu'elle était en vacances en Bretagne. Il l'a fait venir chez eux, j'aurais dû profiter de cet instant pour en parler à ma sœur. Pourtant, je ne l'ai pas fait. Ma sœur n'a pas hésité à demander le divorce, et à ce moment-là, mon beau-frère dit : "avec ta sœur, j'ai couché aussi." Ma sœur a gardé cela pour elle longtemps. Mais, un jour, nous avions une discussion et très vite, elle s’est emportée, en me disant "toi aussi, tu t'es tapé mon mari. « Je pense qu'elle avait gros sur le cœur, ça devait sortir, ce que je peux comprendre. Je croyais sur le coup, qu'une personne me poignardait le ventre. J'étais sans voix. Après avoir repris mes esprits, j'ai amorcé une conversation, mais elle m'a condamnée sans écouter mon témoignage, consciente de l'inutilité de mes paroles, j'ai abandonné devant son obstination. Il a réussi à me salir, à semer le chaos, tout cela parce que je ne voulais pas de lui. Il prenait plaisir à mes souffrances, un véritable malade mental.  Malgré ses multiples trahisons et mensonges à son égard, ma sœur choisit de douter de mes paroles plutôt que de confronter la réalité de son être abject; elle m'accuse de fabuler sur mon viol Et, les nuits où je redoute de dormir dans le noir, est-ce parce que j'ai pris du plaisir avec lui ? Non, je ne pense pas, il était le diable en personne. Depuis ce jour, je n'ose plus regarder ma sœur en face. Si aujourd'hui, il apprenait que notre relation s'est détériorée à cause de ses actes, il en tirerait sans doute satisfaction, alors que c'est lui le véritable misérable.

     En effet, je me sens coupable d'être entrée dans cet appartement, elle prend ses distances alors que je suis la victime. Chaque nuit, je verse des larmes amères et de déceptions. Je sais que la culpabilité ne sert à rien parce que ce n'était pas ma faute. Je sais qu'il m'a sauté dessus, mais je ne peux pas m'empêcher de pleurer en y repensant. Je crois que c'est la deuxième fois que je me sens aussi mal de ma vie. C'est mal et malsain. Je me sentais tellement seul. J'avais l'impression que le monde autour de moi s'écroulait. J'avais de plus en plus de mal d'avoir encore la force de faire face à toutes ces douleurs qui me rongeaient quotidiennement. J'étais désespéré. J'avais besoin que l'on m'aide, mais j'ignorais où aller, à qui me confier. Ne me jugez pas, je me sens assez mal comme ça. Je ne voudrais pas que l'on me rabaisse ou que l'on me critique. Vous savez, même ancienne, la souffrance reste malgré tout présente.

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  • 11 Entre joie et peine

    À la suite d’un repos justifié, j'ai opté pour un retour à ma profession dans l'univers esthétique, endossant les rôles d'esthéticienne, manucure et coiffeuse, mon cœur battait pour mon métier, et j'y dédiais toute mon énergie, mon atelier était mon havre de paix, un lieu où je trouvais confort et sérénité. Maman passait me voir souvent, apportant avec elle, notre complicité et des plats savoureux, inquiète à l'idée que je puisse négliger ma nutrition. J'avais une maman exceptionnelle, et cela me rendait profondément reconnaissante.

    Les weekends étaient ma bouffée d'air frais, mon nouveau travail me permettait enfin de me sentir bien. Je commençais à sortir avec une collègue coiffeuse qui était aussi drôle et gentille que moi. Nous avions tant de point en commun, on aurait pu être des sœurs. Ce soir-là, assise dans sa deudeuche, le virage était si serré que j'ai envisagé un instant notre renversement imminent, ma réaction a été d'agripper la portière, poussant un cri effrayé, en contraste, elle laissait éclater sa gaieté contagieuse. C'était une période où j'avais enfin l'occasion de profiter de la vie, et de rattraper le temps perdu, mais je savais aussi que ce qui est perdu est perdu à jamais. C'est ce soir-là que nous avons fait la connaissance de deux garçons allemands, nous avons été prudents, cependant nous avons noué des liens. Nous sommes aussi revus à plusieurs reprises, je recommençais à vivre, à être heureuse, et je me suis même éprise de ce garçon. J'ai fait de mon mieux pour oublier mon passé douloureux et aller de l'avant. J'ai retrouvé confiance en moi, mais une fois de plus, la déception est venue frapper, l'un des garçons était marié, cela m'a profondément blessée. J'ai alors décidé d'abandonner mes rêves, le bonheur n'était décidément pas pour moi. Désormais, je ne laisserai plus personne me faire du mal, je resterai seule Après plusieurs mois, comme les horaires du salon de coiffure, me permettaient de rentrer, j’allais chez maman pour manger. Pendant la pause du samedi, je n'avais qu'une heure. Ainsi, je me rendais dans le salon de thé voisin pour manger rapidement, et me plonger dans un livre. J'ai sympathisé avec les adorables propriétaires du salon de thé. Un jour, alors que je lisais, j'ai reçu un verre de jus d'orange , offert par une table voisine. C'étaient quatre jeunes hommes en bleu de travail, l'un d'entre eux m'a invité à leur table. Nous avons donc discuté de tout et de rien, j'ai mentionné que j'étais coiffeuse, et ils m'ont demandé si je coupais les cheveux en dehors du salon, j’ai répondu “ bien sûr que oui “ et l’un d’eux me demanda si je pouvais couper les cheveux d'Erwin. Un homme timide dans leur groupe, j'ai joué le jeu, Erwin me plaisait

    bien, cependant, je me suis rappelé ma promesse de ne plus me laisser blesser, et puis il ressemblait un peu à un étranger, non merci pas pour moi. Et, dans la discussion, j'ai appris qu'Erwin était autrichien, fils d'une mère allemande, installateur sanitaire et travailleur acharné. Je commençais à le regarder différemment. Il avait aussi toutes les qualités que je recherchais, il était l'homme idéal. J'ai donné mon numéro de téléphone et je suis repartie pour le travail. Le soir venu, j'ai attendu anxieusement son appel, me demandant si je devais le laisser monter chez moi, ou lui fixer un autre rendez-vous. La peur s'est emparée de moi, craignant qu'il ne fasse semblant d'être gentil, je ne voulais plus qu'il m'appelle donc si le téléphone sonnait, je décidais de ne pas répondre. Le lendemain matin, je me sentais extrêmement mal à l'aise, j'aurais dû agir autrement. J'ai quitté l'immeuble et je l'ai vu s'approcher de moi, je n'avais aucune explication à lui donner sur ce sujet. Dans son regard, j'ai remarqué une grande tristesse, il m'a attendu pendant la moitié de la nuit, puis s'est endormi dans la voiture. Nous avons décidé de nous fixer un deuxième rendez-vous, et cette fois-ci, j'ai décidé de m'y rendre. Lors de cette rencontre, nous avons longuement parlé, et plus il parlait, plus je sentais mon attirance grandir. Il m'a avoué qu'il n'avait pas pu cesser de penser à moi depuis notre première rencontre, et qu'il était profondément amoureux. Progressivement, ma confiance se renforce, nous nous sommes fréquemment retrouvés, et mes sentiments se sont intensifiés. Après un certain temps, il a emménagé chez moi, je l'ai rapidement présenté à mes parents qui l'ont immédiatement apprécié. Il travaillait dur, sans jamais se plaindre, et semblait être l'homme idéal, j'étais convaincue qu'il serait un bon père de famille, et une bonne personne. Je l'aimais tellement, que je ressentais de la jalousie. Son travail l'amenait souvent à se rendre chez des particuliers, même tard le soir où la nuit, en cas de fuites d'eau. Oui, il y avait des tensions entre nous. Cependant, je refusais de le perdre. J'ai rencontré Erwin à l'âge de 28 ans, avec lui, je voulais fonder une famille et avoir des enfants. Par la suite, nous avons décidé de nous marier, dans le

    respect des traditions. Il a demandé ma main à mes parents, qui étaient ravis, nous avons célébré nos fiançailles chez ses parents, dans une ambiance sympathique, j'étais entourée de ma famille, ainsi que des sœurs et frères d'Erwin. Cependant, je ressentais une certaine tension avec sa mère. Son regard avait quelque chose d'étrange, comme si elle était jalouse de moi, elle se taisait à table, se contentant d'observer ma famille.

      Elle nous proposait de temps à autre de nous joindre à eux pour un repas, mais mon intuition me soufflait qu'elle ne vît pas ma présence d'un bon œil. Son attention à table ne flirtait qu'avec son fils, me mettant aux oubliettes. Erwin intervenait pour pallier son indifférence, me servant avec empressement, mais mon envie de manger s'était dissoute. Mon estomac demeurait souvent creux, une réalité accueillie avec indifférence. La haine dont j'étais l'objet me laissait perplexe, en quête des raisons qui avaient pu m'attirer ces foudres non méritées. Elle appréciait ma présence uniquement lorsque je devais lui faire les cheveux.   Bien que les frères et sœurs m'adressaient la parole, il n'y avait aucune profondeur dans nos échanges. Je pensais avoir trouvé une famille, cependant, moins je les voyais, mieux, je me portais Mais, de temps à autre, pour faire plaisir à Erwin, j'invitais sa mère chez nous. Moi, dans la cuisine toute la matinée, pour l'accueillir comme il se doit, alors que plus d'une fois, elle m'a fait ce coup-là. À midi Erwin devait la chercher, à 11 h 30 elle appel pour dire qu’elle ne viendra pas.  Toujours, elle parvenait à se trouver une excuse, cependant, j'ai fini par craquer, et lui ai dit fermement que je ne l'inviterais plus, car je ne supportais pas son manque de savoir-vivre. Elle restait silencieuse, un sourire moqueur aux lèvres. Elle avait déjà réussi à me blesser avec ses paroles à plusieurs reprises, mais à force, j'étais devenue insensible, elle était tout simplement pathétique. Je la détestais profondément. "l'amour n'est pas une obligation entre nous, car, comme je te l'ai dit, mon cœur est vide de tout sentiment pour elle et le restera à jamais.

     

    11 Entre joie et peine

     

    11 Entre joie et peine

     

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  • 12 Maman, à l'extrémité de sa résistance

     

     

    Après tant d'années de souffrance, maman prend finalement la décision de quitter mon père. Ils n'ont jamais divorcé, mais elle réussit à lui parler lorsqu'il était sobre. Elle en avait assez, et ne pouvait plus vivre dans ces conditions. Mon père devenait de plus en plus méchant, et je

     voyais maman se détériorer, jour après jour. Elle lui a trouvé un petit studio, et tous deux commençaient à mener une vie indépendante. J'ai vu mes parents comme je les aurais aimés voir, quand j'étais enfant. Il avait même arrêté l’alcool. Mon père souffrait énormément de migraines, et avait été mis en arrêt de travail par le médecin pour une longue période. Ce médecin lui avait même dit, qu'il était très malade, et qu'il ferait mieux de se tirer une balle dans la tête. C'était horrifiant de voir un médecin parler ainsi à son patient. Mon père était choqué par ces paroles. Quelques années plus tard, on lui diagnostiquait un cancer, et on lui proposa une chimiothérapie, maman décida de le soigner à la maison, ce que je comprenais parfaitement, car il avait également des crises d'épilepsie.


    Nous n'avons jamais été une famille qui se disait "je t'aime". Ce genre de mots étaient absents de notre vocabulaire pourtant, nous savions que maman nous aimait, et que papa peut-être, à sa manière. Son départ soudain, à l'âge de 59 ans, a été un choc pour nous, il paraissait allé bien mieux, lorsque nous l'avons quitté la veille. Cette réalité nous a rappelé l'importance de dire "je t'aime" tant qu'il est encore temps. La dernière fois que je l'ai vu, je ne m'attendais pas à ce que ce soit notre dernier adieu, si j'avais su, j'aurais sûrement trouvé les mots pour lui dire ce que je n'ai jamais osé lui dire : "je t'aime, papa. C'était une fin inattendue, mais d'une certaine manière, cela nous a amené du soulagement. La souffrance qu'il endurait était terminée, et avec elle, nos propres tourments. Plus de craintes, plus d'interrogations incessantes sur ce que le lendemain nous réserverait. Enfin, maman allait pouvoir mener une vie normale avec mon frère.

     

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  • l'arrivée de ma petite chérie a été un tournant heureux et sans pareil, le don le plus exceptionnel que la vie m'ait accordé.  Pourtant, dans un souffle, le temps s'envole et elle grandit à une vitesse vertigineuse. Je peux néanmoins affirmer que j'ai savouré chaque instant passé avec ma fille.  L'emploi est devenu secondaire; je voulais être là pour chaque battement de son cœur. Puis vint déjà la rentrée en maternelle. Voilà,

    nous y sommes. Ma petite fille rentre en maternelle. Elle est contente de pouvoir aller à l'école. Moi, toutefois, j'avais le cœur gros.  Jusqu'alors, nous n'avions jamais connu la distance l'un de l'autre.  Tout autour de moi, des larmes inondent la cour de récréation, ma fille n'a pas échappé à cette vague d'émotion, sanglotant contre moi. La maîtresse intervient, saisit fermement son bras, et l'entraîne vers la classe, me faisant signe de m'éclipser.  Mes pas s'écartent, alors que mes yeux s'inondent, et ses sanglots résonnent encore dans mon esprit. L'interdiction est formelle : pas de retour en arrière. Le cœur lourd, j'étouffe le souhait de la récupérer, de la presser contre moi et de nous évader vers la tranquillité de notre maison" Elle va croire que je l'ai abandonnée.” Une fois chez moi. Le temps ne passe plus.  Je m'occupe pour oublier un peu, et j'entends les cloches de l'église sonnée, c'est l'heure d'allée chercher ma fille à l'école. Vite, je m'habille, j'ai hâte de la voir. J'attends une sonnerie qui ne veut pas sonner. Enfin, la sonnerie retentit. J'étais la première à être devant la porte de la classe.  À peine ouverte, la maîtresse se dirigea vers moi, mentionnant la nécessité de fermer la porte à clé pour éviter qu'elle ne s'éclipse Les jours qui ont suivi, c'était bien plus facile, plus de larmes. Et, elle a commencé à avoir des petits amoureux, c'était trop mignon. Il y a eu Florian, un blondinet aux yeux bleus. Après, il y a eu Stéphane, il avait des yeux magnifiques, et c'était déjà un sacré charmeur, une petite anecdote, que j'ai trouvée trop mignon, venant d'un petit garçon, sa grand-mère me l'avait répété en souriant" mamie, j'espère que Laura deviendra aussi belle que sa maman "j'ai trouvé ça trop mimi. Et, puis nous y sommes déjà. Elle est déjà en troisième année de maternelle et ce ne fut que du bonheur. Dernière journée d'école, les cadeaux pour la maitresse, le couloir aux murs blancs vidé de ses dessins, les portes manteaux sans les photos. Laura court,

    comme au quotidien, ne réalise pas, que c'est son dernier jour en grande section, et moi, je réalise, je réalise bordel que l'année est déjà finie! Dix mois passés en un éclair, et dans cinq minutes, elle sera en terminal, et passera son bac, et je n'aurais rien vu venir non plus. Et, moi, je pleure bêtement.

     

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  • 14 Le collège

    Ma fille a commencé à changer, je ne la reconnaissais plus. Elle s'habillait et parlait de manière à ressembler à une délinquante. Les personnes qu'elle fréquentait étaient peu respectables et recommandables. Je sentais qu'elle s'éloignait de moi. Elle n'arrivait plus à ce concentré sur ces études, préférant passer son temps à penser aux garçons. J'avais beau essayer de lui parler, elle s'en moquait littéralement. Mais, pourquoi Dieu me punissait-il ainsi? N'ai-je pas suffisamment souffert? Je lui avais pourtant donné tout mon amour, et quand elle avait besoin de parler, j'étais toujours à son écoute, j'étais toujours là pour elle. J'étais dévastée, je pleurais quotidiennement, je ne savais plus comment faire. Mon mari n'était jamais présent. J'ai élevé ma fille toute seule. J'ai fait tout mon possible pour elle. J'ignore ce que j'ai fait pour qu'elle soit

    devenue si distante avec moi. Elle commençait à fréquenter des garçons plus âgés. J'ai été témoin, un jour, de son baiser avec un garçon, cachés derrière l'immeuble. Une onde de choc a traversé mon être, me coupant le souffle, ma fille, hier encore bébé, défiait brusquement les limites de son âge. Ma fille était en train de s'éloigner de moi. Je l'ai menacé de tout raconter à son père si elle continue à faire ce qu'elle veut. Après avoir discuté avec elle, elle m'a promis de ne plus recommencer. Et, moi, je l'ai cru, enfin, j'ai plutôt essayé de la croire. Un jour, elle m'a demandé si elle pouvait aller avec sa copine, que je connaissais, a une soirée pour les jeunes qui se trouvait près de chez nous. Je lui ai donné la permission tout en la mettant en garde. Comme je n'avais plus la même confiance, je suis allée voir. À ce moment-là, j'aperçois le petit frère de sa copine, et je lui demande " où est Laura " il me répond " derrière un arbre avec un garçon". Prise de panique, je cours vers eux et découvre ce jeune homme, nettement plus âgé que ma fille. L'adrénaline montante, je lui lance un avertissement sévère, promettant d'alerter les autorités si jamais je le vois encore en sa compagnie. Ce soir-là, je me suis rendu compte que je ne pourrai plus gérer ma fille seule. J'ai donc abordé le sujet avec mon mari, il n'a pas cherché d'explication, il l'a giflé, mais ma fille lui riait dans le visage et ça le rendait fou de rage. J'ai dû le calmer. Après, nous avons pris la décision de vendre l'appartement et de construire loin de Koenigshoffen dans un patelin. C'était la meilleure solution, car j'aurais perdu ma fille.

    Laura avait très envie d'un chien, son parrain lui a donc acheté un chien, on pensait que ça l'aiderait à changer. C'était un très beau chien, un Golden Retriever de trois mois, elle s'appelait Rustine. Au début, elle adorait faire des balades avec elle, mais ça n'a pas duré, et je devais m'en occuper. Quand je lui demandais de sortir avec elle, elle le faisait vraiment à contrecœur. Il y avait quotidiennement des disputes. Je me souviens de cet après-midi-là.  Il convient de préciser que j'avais opté pour le métier de nourrice alors que laura n'avait que deux ou trois ans

    désireuse d'assurer une présence constante auprès de ma fille. Ce jour-là, j'avais demandé à Laura de descendre rapidement avec Rustine pendant que je finissais de préparer la table. Je me souviendrais toujours, j'avais fait un gratin aux nouilles. Le petit que je gardais était déjà installé dans sa chaise haute quand une personne frappe à la porte" Ce n’est pas le moment de déranger les personnes à cette heure-ci", j'ouvre la porte, la voisine paniquée « ta fille hurle dans l'ascenseur, elle est coincée. J'ai tout lâché, et j'ai couru dans le couloir, et j'entends ma fille crier comme une hystérique. Je tente de la calmer, mais rien n'y fait. Mais, que s'est-il donc passé. Tous les voisins sont présents, ils tentent d'ouvrir la porte, cependant la porte s'est bloquée. Toutefois, ils insistent, et là l'horreur, Rustine est pendue au plafond de l'ascenseur, étranglé. Laura n'a pas rentré la laisse dans l'ascenseur, alors qu'à chaque fois, je lui répétais de bien la rentrée à l’intérieur. J'ai accusé ma fille pour la première fois, en lui disant que tout était sa faute, alors que ma fille a tout de même assisté à la mort de son chien, néanmoins je lui en voulais beaucoup.

    Nous avons attendu pendant plus d'un an avant de pouvoir aménager dans notre maison. La construction n'allait pas vite, beaucoup d'intempéries. J'avais hâte de quitter cet endroit et de commencer une nouvelle vie. J'ai inscrit ma fille dans sa nouvelle école assez rapidement. En me renseignant, j'ai appris que c'était l'école de Bischwiller. Cette réponse m'a achevé. Une école mal fréquentée, et mal vu. J'ai fait des pieds et des mains, pour avoir une dérogation. J’ai finalement réussi, et elle pouvait aller à l'école de Drusenheim. Un grand soulagement pour moi.  Ce collège était bien noté, mais cela m'a contraint à faire la route quatre fois par jour pendant un an. Les semaines sont devenues une période d'éternité.

    J’avais de très bons voisins avec qui j'entretenais de bonnes relations, et je savais qu'ils me manqueraient beaucoup. Pour ma fille, c'était

    Papy Albert, et pour Jenny, c'était mamie jenny. Jenny me traitait comme sa propre fille. Chaque samedi matin, elle me déposait une rose devant la porte, elle était adorable, un petit bout de femme extraordinaire. Albert avait un caractère difficile, il voulait toujours avoir raison, il voulait toujours avoir le dernier mot. Elle se sentait obligée de se plier aux désirs de monsieur lorsque le poids de ces exigences la submergeait, elle trouvait refuge à mes côtés, déversant ses tourments avant de chercher du réconfort dans mes bras. Ensemble, nous chassions la mélancolie par des parties de cartes endiablées ou des conversations nocturnes étoilées.  Bien que papi dominât souvent les débats avec mon mari, il reconnaissait qu'avec moi, il devait se confronter à une opposition de pensées, car j'étais ferme sur mes positions. Mon mari semblait toujours se ranger aux opinions de papi, alors qu'en secret, il s'y opposait.  Lorsqu'il y avait des diners dansants, nous sortions souvent ensemble, c'était génial. Nous étions les plus jeunes de toute la bande. Cependant, je dois dire que nous rigolons davantage avec les personnes âgées, car elles savent mettre de l'ambiance. Jenny avait cinquante-six ans et papi cinquante-huit, il souffrait de douleurs dorsales, et Jenny de terrible migraine. Elle se faisait administrer une injection quotidienne pour prévenir les migraines. "sans ces antidouleurs, ma vie serait intolérable, j'envisagerais le pire," admettait-elle souvent. J'étais triste pour elle. Elle était vraiment gentille et ne méritait pas de souffrir, la pauvre. Puis, ils ont décidé de partir en vacances pour deux semaines, et quand ils sont revenus, c'était à notre tour de partir une semaine en Normandie. Une semaine était prévue, mais nous avons prolongé notre séjour d'une semaine en plus. Quand nous sommes rentrés de vacances, je dis à mon mari" regarde, c'est Nathalie, la fille de Jenny qui promène le chien, j'ai le sentiment que quelque chose ne va pas" J'avais une intuition étrange. À peine rentrer chez nous, on frappe à la porte, c'était Nathalie, les yeux rouges et gonflés. Elle m'annonce que Jenny est décédée. Je croyais m'évanouir, c'est impossible, je la serre dans les bras, "mais que s’est-il passé" " elle a fait une crise cardiaque,

    le soir en regardant la télé," " non, c'est impossible, je vais me réveiller « submergée par l'immensité de mon chagrin suite au départ de ma meilleure amie, le sommeil m'a cruellement fui, me forçant à affronter une nuit interminable. Pourquoi ne sommes-nous pas rentrés à la date prévue, j'aurai encore pu la voir une dernière fois. Elle a été incinérée. Je l'ai accompagnée vers sa dernière demeure, tout en me demandant pourquoi elle? Je pense souvent à elle, et elle me manque énormément. Nous n'avons pas laissé tomber papi, il montait souvent et nous discutions de tout et de rien. Mais, la phrase à ne pas me dire à moi" La vie continue" merde, il vient de perdre sa femme. Après la disparition de Jenny, ma meilleure amie, plus rien ne me retenait ici et j'avais vraiment hâte de partir. Mon amie est partie, et ceux pour l'éternité

     

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