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Je me souviens de ce samedi après-midi, alors que j'étais avec maman dans la cuisine, la porte s'ouvrit et mon père fit son entrée. Ma maman et moi, nous avons échangé un regard, nous avions compris qu'il avait encore consommé de l'alcool. ” « Je pars chercher ma paie »" dit-il. Pendant qu'il s'absentait pour se préparer, maman me dit tristement » « Je crois qu'une fois de plus, je ne verrai rien de sa paie. « Et, je lui réponds : « Ne t'inquiète pas, je vais avec lui « Maman refusait, mais tant
pis, je devais le faire. Quand mon père est entré dans la cuisine, je lui ai aussitôt demandé si je pouvais l'accompagner, et bien sûr, sans hésiter, il accepta. Je voyais maman très inquiète, elle ne cessait de dire « mais ne roule pas vite, tu as notre fille avec toi" " nous serons vite de retour « rajoute mon père, et nous voilà partis.
Son pied enfonçant l'accélérateur sans répit, alors que le monde s'accélérait à une vitesse étourdissante, et que mes supplications se perdaient dans le rugissement du moteur. Autour de nous, un nuage de poussière voilait le néant du désert, où aucune autre âme ne semblait exister. Soudain, l'apparition fugitive d'un lièvre ou un lapin a poussé mon père à déclarer sa chasse ouverte. Je le suppliais de ralentir, j’avais peur, puis plus rien. Quand je me suis réveillée, j’ai vu la voiture retournée, et plus loin, je voyais mon père allongé par terre, la tête en sang. J’ai hurlé, malgré ces journées où je maudissais son existence. Avec lenteur et précaution, je m'approche de sa silhouette immobile, le secoue énergiquement et, à ma plus grande stupéfaction, il entrouvre les paupières, se redresse péniblement et murmure : « ne t'en fais pas », puis il me dit “toi, ça va ?« J'ai très mal au dos, « et il me répond cela passera d'un ton rassurant, exprimant l'interdit de montrer la douleur. Nous devions être comme lui, nous n’avions pas le droit de nous plaindre. Une fois qu'il a repris ces esprits, nous avons commencé à marcher, nous dirigeant vers la route. Une voiture nous a vus et c'est arrêter pour nous emmener à l'endroit où mon père lui avait dit. Ayant enfin récupéré son salaire, nous avons pris un taxi pour le trajet du retour. Impatiente de rentrer à la maison. La route m'a semblé s'éterniser, jusqu'à ce que mon père demande au conducteur de s'arrêter. Confuse
pour maintenant : nous étions devant un bistro, mon cœur s'est serré en pensant à la promesse faite à maman. Il devait ramener son salaire intact, il était hors de question de le suivre, en espérant qu’il change d’avis. Cependant, il est rentré sans moi, et a rajouté” je bois une bière et je reviens ”L’attente solitaire à l'extérieur, s'est étirée en une éternité, et il ne fit jamais acte de retour. La nuit commençait à tomber, cette nuit était ma seule compagne. Je commençais à avoir peur. Les allées et venues des inconnus me donnant des frissons, mon cœur tremblant. J'ai osé pousser la porte du bistro, il y avait beaucoup de bruit, puis le silence. Tous les regards fixés sur moi. Mon père, arrêté net dans son élan au bar, a montré une surprise flagrante, ma venue l'avait manifestement pris au dépourvu, quand il m'a enfin identifiée, il a lâché : « ah, mais c'est toi, ma petite ! » : « Ça, c'est ma fille », d'un pas hésitant, je me glisse à côté de mon père et murmure, « papa, j’aimerais rentrer, je suis fatigué.« Il hoche la tête, indécis, « juste une dernière tournée,« mais face à ma persistance, il cède finalement, « d'accord, allons-y. J'avais réussi, j'étais fier de moi, même si sur sa paie, il manquait un peu, cela suffisait pour payer les factures et subvenir à nos besoins. Le salaire de maman ne suffisait pas pour tout payer.
Quand maman fut au courant de l'incident, sa colère éclata, une fureur que je n'avais jamais vue chez elle auparavant, entre ses sanglots, elle accusa mon père de malade « c'est de la folie. Tu aurais pu la tuer. Bois si ça te chante, fou toi en l’air si tu le veux, mais pas avec notre fille." dépourvu de tout argument, mon père se mura dans un silence inhabituel, et alla se coucher sans un mot. Le lendemain, il découvrit que sa voiture avait été dépouillée de ses roues pendant la nuit, laissant uniquement sa carcasse. Désolée, une ironie du sort qui lui semblaitméritée. Avant de quitter la maison, mon père présentait l'image d'un homme du monde, ses yeux bleus étincelants sous un front haut, paré d'une tenue irréprochable et d'une coiffure soigneusement appliquée de brillantine, ses chaussures brillaient d'un lustre minutieux, incarnant la sophistication. Pourtant, à son retour, l'effet de l'alcool le réduisait en un pantin désarticulé;
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Le temps a passé, et mon père continuait de boire en excès, tandis que ma maman s'épuisait au travail. Ma sœur avait pour ambition de devenir coiffeuse, et elle avait réussi à trouver un patron pour lui enseigner le métier. Cependant, mon père s'y était toujours opposé, soutenant que travailler dans une usine était bien plus lucratif, ou comme charcutière, ou mieux encore que nous entrions dans un monastère. Son raisonnement était complètement absurde, dire une telle chose à ses propres enfants, alors que d'autres parents souhaitent voir leurs enfants exercer de beaux métiers... et pourquoi lui-même n'était-il pas devenu moine plutôt que de partir en Indochine, peut-être aurait-il eu un peu plus de bon sens. En fin de compte, rien de surprenant avec lui, on était toujours à l'affût de ses remarques blessantes ou stupides. Toutefois, ma sœur n'a jamais terminé son apprentissage. C'est bien elle, qui aurait dû rentrer dans un monastère, elle n'aurait pas eu que des garçons en tête.
Ma sœur a quitté la maison un beau jour, sans prévenir personne, nous laissant tous dans l'ignorance de sa destination. Mon père avait commencé à me soupçonner de connaître son secret. Pourtant, comme lui, j'étais dans l'incapacité de détenir la moindre information, même si j'en avais été informée, je n'aurais jamais trahi sa confiance, je me serais contentée de le dire à maman pour qu'elle ne s'inquiète pas. Ce dimanche-là, alors que je m'asseyais paisiblement sur le canapé, j'ai regardé la télévision, pour une fois qu'il y avait une émission intéressante, mon père m'a bombardée de questions sur ma sœur, et au fond, je lui ai dit mentalement : "pose donc tes questions à ta propre fille plutôt qu'à moi, je suis là avec vous, et je ne suis coupable d'aucun méfait." j'ai choisi de garder le silence. Et, plus il insistait, plus je le voyais se
transformer en une colère dévorante. La rage m'envahit dès que je revis cette scène dans ma tête, comment mon père a-t-il pu me détester au point de vouloir me causer tant de mal ? J'étais assise calmement, mes jambes vêtues de collants bleus à la mode, j'avais entre 13 ou 14 ans soudain, mon père agrippe les jambes, déchire mes collants et me lance toutes sortes d'insultes. J'essaie de me lever pour m'éloigner de lui. Cependant, il me saisit les cheveux, prend ma tête entre ces mains, et me tape la tête plusieurs fois contre le mur, alors que mon père devenait de plus en plus violent, maman a tout fait, pour se mettre entre nous, lorsqu'il m'a finalement lâché, je me suis précipité hors de la maison, presque nu, et pieds nus, cherchant désespérément un refuge sûr. Un vieux bâtiment abandonné m'a offert sa protection, et c'est une vieille dame bienveillante qui m'a accueilli, je lui ai raconté toute l'horreur que j'avais vécue et elle a immédiatement contacté la police. La peur m'envahissait, alors que je cherchais à comprendre pourquoi mon propre père avait commis de tels actes. Heureusement, la police est arrivée rapidement et l'a arrêté, l'envoyant passer la nuit en cellule. Maman et moi avons passé une nuit blanche, nous demandant ce qui se passerait lorsqu'il reviendra à la maison.
Le matin très tôt, on sonne à la porte, c'est lui, je file très vite dans ma chambre. Je ressens une douleur abdominale intense, je suis prise de tremblements, je souhaiterais pouvoir me rendre invisible. J'écoute, je retiens ma respiration, je n'entends rien, mais mon cœur bat à toute vitesse, je vais m'évanouir ! Là, j'entends des pas qui se rapprochent de ma chambre, ma gorge se serre, et je suis là, debout et je ne peux plus bouger. Dieu merci, c'est maman qui vient me dire que tout va bien. Ainsi, je suis restée toute la journée dans ma chambre sans broncher,
pour que surtout, il m'oublie. J'étais rassurée, et toutefois, je savais qu'il me reprocherait cette histoire quand il aura bu.
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Mon expérience professionnelle a débuté à l'âge de 14 ans, lorsque j'ai été embauchée comme apprentie dans un salon de coiffure. Les trois années qui ont suivi ont été très enrichissantes. Ma patronne était une personne vraiment gentille. Nous avions également une coiffeuse plus âgée dans l'équipe qui était charmante. Être entourée de personnes qui m'appréciaient était une bouffée d'air frais. J'étais toujours
souriante, et cela me valait l'adoration des clients. Lorsque j'étais là-bas, j'oubliais tout le reste, seuls mon travail et ma passion pour la coiffure comptaient.
Je me souviens de mon premier salaire, 300 francs ; comme j'étais contente et surtout très fière. C'était la première fois que je touchais des billets, moi aussi, j'avais un salaire ! Moi aussi, je pouvais m'acheter quelque chose, dont j'avais envie. Je me suis acheté ma première radio, elle était à moi, rien qu'à moi, j'avais moi aussi quelque chose qui m'appartenait. Fière, en rentrant chez moi, j'ai aussitôt montré à mes parents le cadeau que je me suis fait avec mon premier salaire. Maman était contente pour moi, elle voyait que j'étais heureuse, mais mon père était très furieux. Pour lui, il était hors de questions de dépenser de l'argent inutilement. Mais, que je rigole ! et lui quand il va au bistrot ce saoulé, c'est utile ! c'était du n'importe quoi, cependant je n'avais pas le droit de riposter. Il m'obligeait à donner tous les mois mon salaire, pour le mettre sur un livret d'épargne, et il ne fallait surtout pas y toucher.
Aujourd'hui, avec un peu de recul, je me dis qu'il avait raison avec le livret. Cependant, il aurait quand même pu dire, nous lui donnerons un peu d'argents de poche. Mais, chez nous, l'argent de poche n'existait pas. Heureusement que maman me donnait un peu d'argent en cachette. Cependant, il fallait cacher beaucoup de choses à mon père, il n'acceptait rien. J'ai eu mon certificat d'aptitude professionnelle, et j'en ai été très fière. Cela montrait à mon père que j'étais capable de bien plus, que d'être une religieuse ou une charcutière ou une ouvrière en usine. Il ne m'a jamais félicité lorsque j'ai eu mon diplôme, mais si je ne l'avais pas eu, il m'aurait traité d'incapable. Pour la première fois, j'ai pu moi aussi lui clouer le bec.
J'ai dû quitter le salon de coiffure, car il ne pouvait pas me garder, le salon était bien trop petit pour accueillir trois coiffeuses. Mon cœur était
brisé alors que je disais adieu à ma seconde famille. Maintenant, je me retrouve sans emploi, et mon père m'a réprimandé injustement. Je me suis souvent demandé s'il nous avait réellement aimés un jour, parce qu'aimer ses enfants ne signifie pas réagir de cette manière. J'aurais tant souhaité avoir un père véritable. Cependant, ma maman était celle qui méritait le plus de compassion.
Maman méritait vraiment le meilleur, et non cette vie-là qu'elle a menée si longtemps sans jamais oser se plaindre, et qu'elle a mené avec beaucoup de courage, car il fallait beaucoup de courage. Ce n'est pas à cause de maman que nous n'avions pas eu une enfance heureuse, loin de là, mais à cause de mon père. Nous avons manqué beaucoup de choses dans notre enfance, comme le plaisir de pouvoir s'amuser avec les copines, ou tout simplement partir avec nos parents.
Une fois, j'ai obtenu la permission d'inviter des amis à fêter mon anniversaire chez nous. Cette journée est gravée à jamais dans ma mémoire. J'étais si heureuse de pouvoir enfin faire la fête à la maison, nous avions une grande pièce au bout du couloir. J'ai aussi pris beaucoup de plaisir à la décorer pour cette occasion spéciale, j'étais vraiment enthousiaste. Ma maman et moi avons préparé les gâteaux. Ce jour-là, il y avait deux filles et sept garçons, malheureusement, il y avait un déséquilibre, car je n'avais pas de très bonnes relations avec les filles. Mon père était présent, et j'ai pu voir dans son regard qu'il était contrarié, je craignis sa réaction. Et, puis mon père, arrive, et dit sèchement : "la porte reste ouverte". Nous avons dansé, ri, c'était génial, j'étais comblée de bonheur. J'avais réussi à zapper complètement mon père. Au bout de deux heures, il est arrivé et a annoncé d'un ton sec : "c'est terminé, vous devez partir" alors que nous étions en train de nous amuser, personne n'osait parler et ils sont tous partis. Ensuite, mon père m'a engueulée violemment, disant que c'était la première et la dernière fois que je pouvais inviter des personnes, et qu'il ne trouvait pas normal qu'il
Y ait plus de garçons que de filles. Je ne lui ai pas répondu. J'étais vraiment blessée, il a toujours tout gâché, je le détestais vraiment .
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En période de vacances, l'ennui s'imposait généralement à moi , lorsque je restais cloîtré chez moi. Mon attention se tournait alors vers la fenêtre, où je contemplais les allées et venues des passants. La situation privilégiée de notre domicile, au cœur même de la ville, nous offrait la chance de profiter de toutes les animations qu'elle proposait. Alors que je me tenais à ma fenêtre, j'entendis soudainement une personne siffler, au début, je n'y prêtai pas attention. Cependant, le sifflement persista, intriguée, je regardai en face et remarquai un garçon qui travaillait sur le chantier en face de mon immeuble, il me souriait. Ses cheveux blonds mi-longs ajoutant à son charme, il fit signe de venir le rejoindre. Je ne me souviens plus de l'excuse que j'inventai pour m'approcher de lui, quoi qu'il en soit, je l'ai rencontré. Mon père ne devait pas être présent ce jour-là. De près, il était encore plus séduisant, grand, mince, avec des cheveux blonds et des yeux bleus. Il se présenta, et je fis de même timidement. Il dégageait une gentillesse naturelle, et sa maîtrise de la parole était captivante. Bien sûr, nous nous sommes revus à plusieurs reprises et puis, je suis tombée amoureuse de lui. J'avais enfin trouvé une personne qui s'intéressait à moi, qui était attentionné. J'ai commencé à vivre enfin, je me sentais exister, j'avais trouvé une personne qui prendrait soin de moi, qui m'aimerait et pour qui j'aurais de l'importance.
Un jour, j'ai pris la décision de quitter la maison pour enfin trouver le bonheur. Cependant, comment annoncer cela à mes parents ! À dix-huit ans, je m'apercevais que je n'avais jamais rien connu d'autre que la campagne, chez mes grands-parents, et la ville dans laquelle j'ai grandi. J'en avais assez de cette vie-là. Je voulais vivre sans peur. Enfin, j'ai trouvé une personne qui m'aimait, et que j'aimerais toute ma vie. Je ne tremblerai plus à cause de mon père alcoolique durant de longues nuits. Après une nuit de réflexion intense, l'estomac noué, j'ai pensé à ma maman, et à la douleur qu’elle ressentirait, aux répercussions sur
elle, causées par mon père. Les larmes ont coulé alors que j'écrivais cette lettre. Cependant, je devais partir : "petite maman, je suis fatiguée, ce n'est pas ta faute, je t'aime de tout mon cœur." Après cette nuit de veille, j'ai rédigé la lettre explicative de mon départ. En jetant un dernier regard à mon environnement, j'ai dit adieu au passé, mon avenir est ailleurs à présent. Les yeux remplis de larmes, j'ai déposé la lettre sur la table de la cuisine, avant de refermer la porte derrière moi. Les pleurs m'envahissant, j'ai cru que j'allais m'évanouir en partant, mais je devais le faire, partir sans me retourner. Même si j'étais épanouie avec lui, maman me manquait, je l’évoquais très souvent. Depuis deux mois que je suis avec lui, et sans revoir maman. Pourtant, un jour, il m'a proposé d'aller rendre visite à mes parents. Malgré mon envie immense, j'ai refusé.
Consciente que mon père pouvait être très cruel. Il m'a rassurée en me disant qu'il serait là pour me protéger, et puis, je désirais tellement la revoir, que j’acceptai avec la peur au ventre. Et, enfin, ce jour est arrivé où nous sommes allés les voir. Tout s'est très bien passé. Maman était un peu froide envers moi, mais je pouvais la comprendre. Mon père s'est comporté comme si je n'avais jamais quitté la maison, c'était étrange. Nous avons longuement parlé, enfin, plutôt Pierre, et tout à coup, mon père a annoncé qu'un logement se libérait au-dessus, et que nous pourrions y habiter. Mon père était étrange, aurait-il changé ? Pierre a immédiatement accepté, et moi, j'étais heureuse d'être près de maman à nouveau. Tout s'est passé très rapidement, elle avait oublié mes erreurs. Je pense qu'elle a compris à quel point j'étais malheureuse. Mon père gardait ses habitudes de consommation excessive, et j'étais là
Pour veiller à ce que maman ne subisse aucune violence, malgré le fait qu'il ne l'ait jamais frappée, mais sachant que ses excès de délire étaient imprévisibles.
Au bout de quelques mois, j'ai commencé à émettre des doutes. J'avais l'impression de ne pas réellement connaître la personne avec qui je partageais ma vie. Elle pouvait radicalement changer d'apparence, et de comportement en un instant. Peut-être n'était-ce que le fruit de mon imagination, une réaction normale après tout ce que j'avais traversé. Au fil du temps, j'ai réalisé que mon intuition était juste, je ne m'étais pas trompée. C'est un souvenir qui ne s'est pas effacé de ma mémoire. Ce fameux samedi après-midi, Pierre m'a annoncé notre sortie en discothèque. Pour la soirée, il m'a demandé de m'habiller de manière séduisante. Nous avons parcouru plusieurs boutiques de luxe. Cependant, aucune robe ne m'a vraiment convaincue. Finalement, j'ai dû me résigner à essayer une robe, trop osée à mes yeux, sous l'insistance de Pierre. La robe s'ajustait parfaitement à ma silhouette, dans une couleur bleu azur, avec une grande fente sur le côté et des fines bretelles. Je la portais au-dessus des genoux. Nous sommes sortis de la boutique en nous tenant la main, quand malheureusement, deux garçons ont posé les yeux sur moi. Pierre s'est précipitée vers eux comme une furie. Les pauvres ont été brutalement blessés, alors qu'ils n'avaient rien fait. Je le suppliais d'arrêter, mais il ne m'entendait pas. Je commençais à avoir peur de lui. Le soir venu, malgré tout, nous sommes tout de même allés en boîte. Je portais ma robe neuve, avec des talons aiguille, et lui son magnifique costume gris, nous formions un très beau couple. Arrivée en boîte, je me suis assise, sans regarder personne, encore choquée par les événements de l'après-midi, il me dit de me détendre et de
m'amuser, mais j'ai refusé en lui disant que je ne voulais pas danser seule, que je voulais qu'il vienne avec moi. Cependant, il n'en avait pas envie, alors j'ai décidé de rester assise à côté de lui, m'assurant ainsi qu'il n'y aurait pas de problèmes. C'est alors qu'un garçon s'approcha de notre table, et la panique s'empara de moi, il s'adressa à Pierre : "Puis-je danser avec votre amie ?" pierre répondit, « bien entendu." j'étais réticente, mais il avait insisté, donc je me suis levée malgré moi. Je me suis dirigée vers la piste de danse, mes jambes tremblant d’appréhension, "que va-t-il encore se passer ce soir ?". J’ai laissé le garçon en plan après la première dance, je me dirigeai vers Pierre, à ce moment-là, il se leva et, d'un ton méchant, dit : "on rentre.", je ne comprenais pas, je n'avais rien fait de répréhensible. Une fois à l'extérieur, il déchira ma robe et m'insulta. Il me saisit violemment le bras, me le serra très fort jusqu'à ce que nous atteignions la maison, c'est là que l'horreur commença.
Le poêle crépitait tandis qu'il agissait de manière impardonnable, détruisant mes affaires sous l'emprise de la colère. Cette nuit interminable m'a laissée sans forces, trop épuisée pour me défendre, je craignais que ses cris ne perturbent ma maman, dont la santé fragile était constamment mise à l'épreuve par les problèmes avec mon père. Il m’obligeait à avoir du sexe avec lui. Ainsi, dans l'ombre du foyer consumé, j'ai enduré en silence jusqu’à l'aube. Le lendemain, les excuses maladroites qu'il murmurait, prétendant ne plus jamais reproduire de tels actes. J’accepte bêtement. Pourquoi seulement ai-je accepté ? La terreur que son visage blême et son corps tendu m'inspiraient était la réponse. Oui, il me faisait très peur. Si seulement j'avais su ce que l’avenir me réserve, j'aurais brisé le silence auprès de maman. Malgré la
colère bouillonnante en moi, la haine qui émergeait contre lui, je restais piégée dans ce cauchemar sans fin. Alors que les jours se succédaient, mon calvaire s'intensifiait : une tentative d'asphyxie dans la baignoire, une horreur inacceptable. Il me contraignait à supporter des visions obscènes, à m'asseoir dans ces salles de cinéma répugnant, où je me sentais réduite à l'insignifiance, répugnée par l'indécence des ombres autour de moi.
Je n'avais pas encore mon permis de conduire, je devais compter sur le bus pour rentrer chez moi. Pierre était très strict sur les délais. Je savais aussi que j'allais subir des conséquences si j'arrivai en retard, alors que comme coiffeur, il était rare de finir à l'heure. En revanche, cela ne le préoccupait pas, je devais être à la maison, sinon je risquais d'être puni, ce qui était devenue une habitude pour moi. Puis il a eu ce soir-là, alors que je rentrais du travail, Pierre et un ami à lui, était à table dans la cuisine, tous deux enivrés et narquois. Mon cœur gorgé de peur. Je préparais à manger, quand un couteau s’invite brutalement dans le buffet de cuisine, à quelques centimètres de ma tête. Mes mains tremblantes, j'ai cherché la sortie, mais j’étais captive, une prisonnière. Seuls des cris libérateurs a alerté maman. Elle monta, brandissant la menace policière. J’ai trouvé refuge auprès d’elle cette nuit-là. Et, face à ses excuses matinales, ma colère s’évaporait inexplicablement. J’étais comme enchainé à cet homme qui me prenait toute mon énergie, et mon temps, il envahissait ma vie : c’était le vampire de mon quotidien.
Les mois s'écoulèrent, je me sentais dépérir. Mon poids diminuant pour atteindre seulement 50 kilos. J'avais perdu ma joie de vivre, ne
vivant plus qu'avec la peur constante, mais peut-être que ma vie était destinée à être ainsi. Chaque soir, je rentrais chez moi rapidement après le travail pour préparer le repas, et m'assurer que tout était prêt, surtout pour éviter les commentaires. Il était tard ce soir-là et toujours pas rentré, mon estomac se nouait, la crainte grandissait, comment allait-il rentrer ? Soudain, la sonnette retentit, je fus surprise, pourtant il avait les clés, j'entends des pas s'approcher de plus en plus rapidement. Je vois deux policiers qui m'annoncent son arrestation et comme quoi, il passera un long moment en prison. Je n'ai jamais su la raison, et je ne voulais pas la savoir, j'étais enfin libre, libérée de cet individu toxique.
Après avoir entamé mes recherches pour trouver un nouvel appartement, j'ai été incroyablement chanceuse de dénicher un studio disponible dans la rue où résidait ma maman. Cependant, les lettres menaçantes en provenance de la prison ont semé la peur en moi et ont ébranlé mon moral. (Quand je rentrerai, je t’épouserai” “Si tu fréquentes d'autres hommes, je te défigurerai” “ Malgré mes craintes constantes, j'ai continué à me rendre au travail, essayant de faire face à l'insécurité qui m'entourait). Chaque nuit était un véritable cauchemar, des images horribles de ces actes abominables qu'il me faisait subir. Des atrocités que je gardais pour moi, ne les partageant ni avec ma maman qui était déjà accablée par mon père, ni avec ma sœur, car mon beau-frère aurait pris plaisir à ma douleur. Après avoir traversé cette période difficile, j'ai réussi à reconstruire une vie sereine en demeurant constamment méfiante envers les autres. J'ai prêté serment à moi-même de renforcer mes défenses : plus de blessures, plus de confiance aveugle, quoi qu'il en soit, l'oubli est un luxe hors de portée. Les ombres de la terreur, en particulier celles de l'eau où il a tenté de m'éteindre,
persistent. Chaque détail anodin peut provoquer un torrent de souvenirs indésirables. Fuir le foyer paternel, dominé par l'ivresse destructrice de mon père, est devenu vital, tout ce que je désirai, c'est une existence dépourvue de crainte;
J'ai vécu la peur et la violence. J'étais convaincue que ma vie était finie, que plus jamais je n'aurais une vie normale.
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Après avoir traversé cette expérience traumatisante, ma méfiance envers les autres s'est intensifiée. Les personnes me faisaient peur, en particulier les hommes, que je considérais tous comme des joueurs. J’étais sûre que chacun portait un masque et que personne n'était authentique. J'étais constamment sur mes gardes. Il m'a fallu beaucoup de temps pour retrouver un minimum de confiance envers les autres. En attendant, j’ai trouvé du travail dans une usine, où je gagnais beaucoup plus d'argent qu’en tant que coiffeuse. J'avais besoin d'indépendance financière, et il était hors de question de compter sur maman. L'usine était éloignée de chez moi, mais mes parents ont décidé de m'acheter une mobylette. J'avais épargné quelques francs, mais ce n'était pas suffisant. J'ai été très surpris que mon père accepte de m'aider, ce devait être l'un de ces rares jours de bonté. C'était la première fois qu'il achetait quelque chose pour moi.
Incroyable, me voilà en usine, alors que je m'étais toujours juré de ne jamais y mettre les pieds. Mon père devait être satisfait de voir que j'acceptais enfin de travailler là-bas. Ce fut une période difficile. Devoir travailler avec des personnes méprisantes. Néanmoins, j'ai fini par m'y habituer. Je me souviens très bien de mon premier jour en usine, les filles étaient méchantes avec moi. C'est vrai, j'avais toujours pris soin de mon apparence, mais à l'usine, cela était immédiatement mal vu. J'ai été insulté de toutes les manières possibles. J'ignorais qu'il était préférable de venir négliger à l'usine, sans soin particulier. On m'avait toujours appris à être présentable où que j'aille. Les filles se moquaient de moi, et bien sûr, les garçons, c'était la drague. Un jour, j'ai eu une prise de conscience incroyable, je me suis dit que je ne laisserais plus jamais personne me manquer de respect, ou me dire comment m'habiller, ou autre... J'ai réalisé que j'étais une adulte capable de prendre mes propres décisions, et que je ne craignais plus le regard des autres. Quelques mois plus tard, on m'a transférée à une autre chaîne de production, ce qui était une véritable bouffée d'air frais pour moi, car
effectuer le même mouvement en boucle devenait épuisant. Sur cette nouvelle chaîne, un garçon adorable était responsable de retirer les cartons pleins, malgré une légère boiterie. Il me souriait chaque fois qu'il passait devant moi. J'ai découvert par la suite que sa maman travaillait également à cette chaîne, elle était d'une grande gentillesse. Après plusieurs mois, il a enfin trouvé le courage de me proposer de sortir prendre un verre après le travail, et j'ai accepté avec joie. Nous avons longuement discuté. Il m'a révélé la raison de sa boiterie : un grave accident de moto qui l'a laissé hospitaliser pendant plus d'un an. Il a donc failli perdre la jambe. Depuis cet événement, il a remarqué que les filles ne le regardaient plus de la même manière. Je pouvais sentir sa tristesse et sa souffrance. Cependant, cela n'avait aucune importance pour moi. J'ai choisi d'être son amie parce que je savais qu'il était une bonne personne au bon cœur, et je ne me suis pas trompé. Il ne pouvait pas se passer de la moto, donc il en a racheter une. C'est avec lui que j'ai appris à conduire une moto, et j'ai adoré. Notre aventure en Italie a été incroyable, avec notre séjour en camping qui ne manquait pas d'action. La voiture de sport, décapotable orange qu'il conduisait, attirait tous les regards. Sa maman a rapidement développé une forte sympathie envers moi, m'invitant régulièrement chez eux, pour des moments de partage et de discussion. Elle savait que je savais écouter. Cependant, sa santé s'est détériorée. Elle a dû être hospitalisée pour des problèmes de vésicule biliaire, une opération qui aurait dû être sans danger, mais elle a succombé à une embolie pulmonaire. J'ai décidé de rester à ses côtés pour le soutenir, durant cette difficile épreuve de la perte d'une mère. Son frère a également fait tout son possible pour le réconforter. Après un an, j'ai choisi de m'en aller. Je sais que cela a brisé son cœur. Je pensais que c'était la meilleure décision à prendre. Je voulais qu'il puisse enfin trouver le bonheur qu'il méritait. En restant à ses côtés, il n'aurait jamais été en mesure de rencontrer la personne, qui lui offrirait le véritable amour. Je sais qu'il avait de forts sentiments pour moi, son regard
en disait long. Il aurait été prêt à tout pour moi. Moi aussi, je l’aimais énormément, mais juste en tant qu’ami. J'ai donc décidé de m'éloigner, afin qu'il puisse, lui aussi, trouver un nouveau chemin vers le bonheur.
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